Sapé.e, la marque de seconde main ouvre une boutique à Venette
Cette nouvelle marque propose 10 000 pièces à la vente, dans une boutique à Venette (près de Compiègne), à côté de Maison du Monde. Si la seconde main est à la mode, c’est un véritable cercle vertueux local mis en place : les textiles sont collectés dans la partie nord de la France, triés par l’entreprise familiale Écotextile, à Appilly, près de Noyon, en activité depuis 1996. La boutique ouvrira le 30 septembre.
C’est une nouvelle étape pour les vêtements issus de la seconde main. Après avoir testé le concept dans la boutique éphémère au centre ville de Compiègne – de décembre 2022 à février 2023 -, la marque isarienne Sapé.e ouvre une grande boutique de 250 m², à Venette, son premier point de vente. Fort de son succès, cette fois, ce n’est plus de l’éphémère mais bien une boutique qui propose 10 000 vêtements à la vente, à travers deux univers : le moderne et le vintage.
Parce que c’est intrinsèque à la seconde main, chaque vêtement est unique, et le stock sera renouvelé chaque jour en partie, et en totalité toutes les deux semaines. « Nous proposons des vêtements de qualité, quasiment neufs, et à des prix en moyenne quatre fois moins chers, explique Medhi Zerroug, l’un des associés de Sapé.e. Face à un marché multiple et cher, trouver des fripes de bonnes qualités et surtout à des prix accessibles est un défi que Sapé.e a souhaité relever. »
Si la seconde main est redevenue à la mode, c’est aussi une façon de consommer responsable : selon l’Ademe, pour fabriquer un t-shirt et un jean, il faut respectivement 2 700 et entre 7 000 et 11 000 litres d’eau. Cela correspond à 70 douches dans le cas d’un tee-shirt et environ 285 douches dans le cas d’un jean. « Nous sommes convaincus que chaque geste compte pour réduire l’empreinte carbone de la filière et que notre rôle est aussi d’accompagner les consommateurs pour atteindre cet objectif collectivement », note Medhi Zerroug.
Un cercle vertueux local
Derrière cette marque, deux frères associés de l’entreprise Écotextile, basée à Appilly, qui collecte, trie et recycle 100% des vêtements collectés, en collaboration avec plusieurs communes de l’Oise et de la moitié nord de la France. Depuis peu à la tête de cette société familiale – créée par leur grand-père en 1957 – Magide et Mehdi Zerroug ont repris cette activité de recyclage de textiles. « En 1957, l’entreprise Framimex collectait des vêtements importés des États-Unis pour les recycler, car en France, la collecte des vêtements n’était pas inscrite dans les mœurs, dans une période de l’après-guerre », raconte Mehdi Zerroug. Leur grand-père a d’ailleurs participé à la création de la célèbre marque Stock Américain. Dans la continuité du développement de l’entreprise, les deux associés ont donc créé leur propre marque, Sapé.e, mais désormais avec des vêtements collectés en France… maîtrisant la chaîne de recyclage des textiles de A à Z.
Depuis, Écotextile a installé plus de 4 000 bornes dans tout le grand Nord de la France pour collecter et trier ces vêtements jetés, directement dans le centre d’Appilly, mais aussi en partenariat avec d’autres centres de recyclage, à l’instar de Framinex à Noyon. « Chaque année, 3,3 milliards de vêtements neufs sont achetés par an en France, ce qui fait un gisement de 800 000 tonnes de déchets, constate Mehdi Zerroug. Et seulement 250 000 tonnes sont recyclées, nous avons encore beaucoup de progrès à faire. En Allemagne, c’est un million de tonnes recyclées. »
40 tonnes de vêtements recyclées par jour
Et aujourd’hui, avec ses 80 salariés, ce centre collecte et trie 40 à 50 tonnes de textiles par jour avec l’unique chaîne robotisée de France. Puis, 50% des vêtements sont revendus sur le marché de la mode de la seconde main, en France et à l’international. Le reste, trop usé pour être porté, passe une autre étape de tri : le coton devient des chiffons à destination des industries, et la laine, après effilochage, de l’isolant phonique (le tissu est mélangé à du béton). « Il y a zéro déchet, nous recyclons à 100% », précise Mehdi Zerroug.
Quant aux vêtements de la marque Sapé.e, ils passent par quatre étapes de tri avant d’être étiquetés et envoyés à la boutique. Car seuls les vêtements sans défaut y sont vendus. « 6 000 kg de vêtements peuvent être potentiellement vendus chez Sapé.e, et nous en vendons 4 000 kg », constate le gérant. Le potentiel de mise en vente localement existe. La suite ? Écotextile va suivre l’objectif national de doubler la récolte de vêtements d’ici six ans, et, potentiellement, ouvrir d’autres boutiques Sapé.e… cette marque qui contre la Fast fashion, désastreuse pour l’environnement, et privilégie le circuit local.